Salvador de Bahia

Publié le par Bas

Avant meme d'arriver en territoire bresilien, on nous avait avertis: il ne faut pas rater Salvador de Bahia. Plus encore, on nous avait avises de planifier d'y etre un mardi ou un dimanche. Docilement, nous avons donc pris un vol de Rio pour Salvador le mardi suivant. Il est 20h00 quand nous debarquons a Bahia, comme on l'appelle ici, nos dos courbes par le poids de nos sacs lourdement charges de nos affaires d'hiver. Car le Bresil c'est "Chaleuurrr!!!". Il ne fait pas moins de 30 degres. Nous avons troque nos chaussures de randonnee pour les fameuses tongs Havaianas et nos polaires pour nos tee-shirts respirants.

Dans nos esprits fantasmes par les images des reportages televises, le Bresil etait synonyme de carnaval, danseuses en petites tenues, musique, ... Tres vite, nous prenons la veritable mesure de cette passion nationale. En effet, alors meme que nous finissons de nous installer dans l'auberge conseillee par notre ami Loic, nous sommes interpelles par le son des tambours d'une troupe musicale. Nous passons la tete par la fenetre et c'est un spectacle incroyable qui s'offre a nos yeux: un cortege mene par des percussions aux couleurs de l'Afrique se meut de maniere totalement synchronisee telle la troupe de danseurs de Kamel Ouali (desolee, ce sont mes references...:-)) . Ce n'est pas une dizaine de fetards deja bien alcoolises qui s'est donnee pour mission de convertir tous les passants aux saints rythmes de la Samba, c'est toute la ville qui a envahi les rues du Pelourinho pour s'adonner a la traditionnelle fete hebdomadaire.

 

Les jeunes filles remuent leurs tresses, les mamas bougent les fesses, les experimentes menent la danse, les novices rentrent en transe. Nous n'hesitons plus une seconde et  nous melons a cette foule joyeuse contagieuse qui nous entraine dans le labyrinthe des ruelles de Bahia. C'est, a chaque fois, le meme rituel: notre groupe de joyeux lurons proselytes rompt la tranquilite des habitants interloques par cette foule en delire. Il suffit alors de quelques minutes, trois pas chasses et un dehanchement pour que ces derniers abandonnent repas ou magasin pour, a leur tour, convertis par le Saint de la fete, rejoindre le groupe des illumines. Ibiza peut aller se coucher, c'est a Salvador de Bahia que le mot fete prend tout son sens. Si chaque soir de la semaine est rythme par des concerts de Bossa Nova ou de percussions, de demonstrations de Capoeira et des soirees RN'B, c'est le mardi que la grand messe musicale a lieu.

 

 

Salvador de Bahia est aussi et surtout la ville de tous les saints. Avec ses presque 200 eglises au style colonial et aux facades decrepites, elle seduit tout de suite.

 

Sa population, en grande partie afro-bresilienne, contraste avec les cariocas (habitants de Rio) plus metisses. C'est Bahia qui nous donne cette charge emotionnelle, visuelle et auditive qui fait prendre conscience a tous nos sens que nous sommes au Bresil. La grande place du Pelourinho est le haut-lieu de l'initiation au folklore bahianais: les mamas, dans leurs amples robes blanches, penchees au-dessus de gros fourneaux concoctent les plats typiques de la ville: accras de morues, bolinhos - sorte de beignets - de bacalhau, de poissons ou de fromage, fondue de celeri a l'huile de palme ou dende, puree de farine de poisson..etc.. tandis que les travestis en short moulant et debardeur decouvrant leur nombril se proposent de tresser les chevelures europeennes, argentines ou cariocaines.

Partout ailleurs, des bahianais munis de leur couteau et entoures de noix de coco approvisionnent les passants assoiffes en jus de coco natural - pur- ou gelado - glace-. Neanmoins, comme partout ailleurs au Bresil, la pauvrete y est aussi tres visible. C'est surtout la volonte avec laquelle chacun essaie de la combattre qu'on retient. Du jeune garcon de 6 ans aux yeux rieurs et a la chevelure sauvage qui jongle avec des noix de coco si lourdes au regard de l'effort effectue par ses bras menus pour achever avec succes son numero, a la mere-adolescente qui vend des colliers de perles d'acai, sans oublier les jeunes garcons transpirant a grosses gouttes durant leur exhibition de capoeira, tous essaient de trouver dans le seul heritage qu'ils ont recu le moyen de subvenir a leurs besoins.

Bahia, par son histoire, n'a, en effet, pas toujours ete cette ville souriante que toute le monde evoque avec douceur et les yeux encore brillants. Elle etait la capitale de la region ou tous les esclaves travaillaient dans les champs de canne a sucre. Ainsi, la cuisine bahianaise, si differente de ce que l'on trouve dans le reste du pays, remonte à l'epoque de l'esclavage, quand les maitres mettaient de cote les restes pour les donner aux esclaves. Puisant dans leurs origines africaines, les femmes y ont alors ajoute du lait de coco ou de l'huile de palme - dende - et les poissons, crevettes ou palourdes apportes par ceux qui avaient la permission de pecher. De la meme maniere, Bahia a conserve dans son architecture et sa population les traces de son passe. Les ruelles decouvrent des facades colorees rongees par le temps, des murs d'azulejos - faience peinte a la main souvent de couleur bleu - rappellent la presence portugaise, des eglises baroques tres chargees temoignent d'une splendeur passee, le tout dans une harmonie evidente.

Dans ce decor un peu use, il serait facile de se laisser entrainer dans la melancolie qui accompagne la materialisation du temps qui passe. Bien au contraire, le sourire et la bonne humeur des bahianais nous plongent dans une felicite ahurie. Meme le circuit que l'on fera en petit train ultra touristique pour decouvrir les autres quartiers de la ville, qui, en un autre lieu, nous aurait rebute, a ete l'occasion d'un grand fou rire grace, notamment, au chauffeur-guide qui oscillait entre une rigueur professionnelle froide et une spontaneite et un naturel reussissant a decrocher des sourires aux passants croises sur notre chemin et les eclats de rire de tous les passagers du train.

Le soleil, en cette saison de pluies, ne se resigne pas, lui non plus, a deserter ne serait-ce qu'un jour les plages de Bahia. C'est, cette fois, en compagnie des locaux que nous embarquons dans la lancha - petit bateau- qui nous emmene sur l'ile d'Itaparica. A dix minutes de la cote, une bande d'enfants qui guettait, accrochee au phare, l'arrivee des embarcations, plonge dans l'eau, s'accroche aux pneus entourant le bateau et se laisse entrainer jusqu'a l'embarcadere.

Sable blanc, cocotiers, gargottes, grandes tablees de familles en plein dejeuner peuplent la cote. Le seul bemol: la mer, tres polluee par la proximite de la megalopole, ne nous convaint pas d'y tremper ne serait-ce qu'un orteil. Neanmoins, on passera la journee a observer les bahianais se prelasser au soleil et danser en maillots de bain au rythme des musiques crachees par les baffes installees a l'arriere des voitures ou des magnetophones que chaque restaurant se doit d'avoir.

Les cinq jours passes a Salvador de Bahia auront ete magiques et l'on gardera, pour longtemps, le gout des moqueta de peixe - bouillabaisse de poisson - cuisines au dende, l'image de ces sourires chaleureux, et le rythme de ces sons qui ont berce, durant quelques nuits, nos coeurs nostalgiques en mal du pays et des proches.

Ps: Les photos de Salvador dans le repertoire Bresil. Elles commencent par 2-. On a egalement rajoute dans l'article precedent un film tourne aux chutes d'Iguazu.

 

Publié dans Bresil

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C
Salut Basma !!!<br /> Ca fait bien plaisir d'avoir de tes news...sur le net !! Je suis chez Fred & Cécile qui m'ont appris ton aventure du Tour du Monde !! ben c'est fantastique, profite bien !! Et à bientôt !<br />  
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N
Encore un récit sublime qui donne envie... Merci et grosses bises
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