Rio de Janeiro

Publié le par Ju et Bas

Les bresiliens disent que le Christ surplombant Rio de Janeiro a les bras ecartes car il attend que les cariocas se mettent a travailler pour applaudir. Ce qui est sur, c'est qu'il regne dans cette ville une atmosphere propice au farniente et a la detente.
 
Avec  5 millions d'habitants, Rio n'est pas de ces villes qui fatiguent par une activite incessante, une population grouillante et un trafic routier bruyant. Loin de la, elle offre au contraire un cadre enchanteur. En effet, la ville est delimitee par de superbes baies au nord, a l'ouest et au sud, et surplombee, en son coeur, par les morros, ces collines aux falaises abruptes dont la plus haute abrite le fameux Christ qui semble nous surveiller ou que l'on soit. D'en bas, on a du mal a se rendre compte de cette architecture anarchique qui fait de Rio une ville comme aucune autre. Nous decidons donc, pour mieux apprehender notre nouveau lieu de villegiature, de grimper au sommet de l'incontournable Pao de Azucar - pain de sucre - a bord d'un telepherique vertigineux. Vertigineux, cela dit, pas plus qu'un autre telepherique. Mais, avec mon aisance mitigee dont Basma s'amuse, il me semble moins sur, plus mouvant, trop bonde, trop rapide, trop lent, trop saccade... 
Heureusement, la vue que nous avons du haut de ce morro vaut grandement le voyage. Nous decouvrons, d'un cote,  l'interminable plage de Copacabana au sable blanc qui fait l'angle avec celle d'Ipanema, et de l'autre, le port et les longues lignees de buildings. Nous sommes alors fascines par cette ville qui semble etre le lieu d'une concurrence effrenee entre  la nature et l'homme. Les morros jaillissent de sous-terre pour s'imiscer au coeur des centres-ville, les forets se disputent les flancs des collines avec les favelas, les superbes baies encerclent cette ville comme pour la capturer et l'air de la mer envahit chaque recoin de la capitale touristique.
 
Afin d'avoir le point de vue du cote oppose et surtout du sommet le plus haut, celui du Corcovado rendu celebre par le Christ Redempteur qui y siege, nous empruntons, cette fois, un petit train a cremaillere qui traverse la foret tropicale du parc naturel de Tijuaca. En haut, deux vertiges se confondent: celui provoque par la taille du Christ au-dessus de nos tetes et celui provenant de la vue qu'offre ce promontoir sur toute la baie. Le Pao de Azucar, d'ici, est majestueux. Il semble troner en roi sur la concentration de grattes-ciel qui l'entourent. Les bateaux, du haut de ces 700 metres d'altitude, ne se distinguent presque que par la trainee blanche qu'ils laissent derriere eux. Etrange sentiment de dominer la ville et d'etre domine par une presence mystique qui plane au-dessus de nous.
 
Finalement, ces expeditions nous aura tellement seduits par leur spectacle insolite que nous serons quelque peu decus par el Centro, le centre de Rio. Meme si ses eglises baroques et ses petites ruelles pavees nous rappelent le charme tout de meme inegale de Salvador de Bahia, rien ne retiendra notre attention. Les facades grisatres des immeubles et les hommes et femmes d'affaires s'affairant dans la rue pour dejeuner nous donnent l'impression que ce quartier a ete deserte par la bonne humeur et les couleurs qui illuminent les autres lieux de la ville. C'est avec soulagement que nous avons retrouve cette ambiance cariocaine dans le quartier de Santa Teresa. Le trajet dans l'antique tramway qui gravit la colline est anime par le chauffeur qui, entre deux arrets non conventionnels pour prendre des nouvelles de ses voisins, s'improvise guide touristique pour montrer aux quelques-uns d'entre nous munis de leur appareil photos les sites importants.
C'est ainsi que nous nous arretons dix bonne minutes en plein milieu d'une cote abrupte pour contempler le stade Maracana largement commente par  notre nouveau guide. Santa Teresa est par excellence le quartier des artistes. Les murs peints, les vetements colores mi-bohemes mi-fashion de ses habitants et les terrasses des cafes decorees  font de ce lieu un  veritable musee a ciel ouvert. Mais le coeur de Rio demeure surtout ses plages.
 
Nous logeons a 200 metres de celle d'Ipanema et non loin de celle de Copacabana. La plage est peut etre un des endroits les plus animes de la ville. Le carioca y vient avant, apres et meme parfois pendant le travail. Plus qu'un immense solarium sur sable blanc et berce par le bruit des vagues, c'est d'abord un veritable restaurant en plein air. En effet, allonges sur une chaise pliante que tout bon carioca se doit de louer pour profiter amplement du lieu, nous voyons defiler sous nos yeux une gastronomie tres variee. Du vendeur ambulant proposant des brochettes de crevettes, a celui, muni de son barbecue portatif, faisant griller, a la demande, des  brochettes de fromage grille, en passant par les vendeurs de sandwichs plus classiques ou ceux, plus originaux, deguises en touareg qui preparent des kebabs, le plagiste ne se risque pas a souffrir de faim. Quant a sa soif, outre les buvettes disposees tout le long de l'esplanade, il peut, a loisir, choisir d'etancher sa soif avec une caipirinha ou un autre des cocktails proposes par les specialistes en la matiere qui sillonnent la plage un shaker a la main.
La plage de Rio est aussi un vaste terrain de sport. Bien sur, il y a la traditionnelle activite extenuante du bronzage. Pour cette derniere, il faut s'armer de patience, de la susmentionnee chaise pliante, d'une creme solaire ou d'un pot de creme maison a base de coco et d'un maillot de bain le plus petit possible. De 7 a 77 ans et de la taille 34 au 54, toutes les femmes sont en string ou tanga. En revanche, le top-less (seins nus) ne se pratique pas, est mal venu et surtout tres mal vu car, dans l'esprit cariocain, il rappelle l'esclavage. Pour le reste, il n'y a aucune pudeur et surtout aucun complexe a avoir. Ainsi, il n'est pas rare de voir, a cote de cet etalage de fesses rebondies, parfois musclees, souvent capitonnees mais rarement flasques, un groupe d'hommes aux muscles saillants faisant leur cinquantieme serie de pompes. Personne, sauf nous, n'est interpelle par cet antagonisme.
 
D'un cote, il existe un culte du corps tel que des appareils de musculation et d'entretien physique sont en libre-acces sur la plage, et, dans le meme temps, il ressort un refus flagrant des canons de beaute vehicules par les medias qui s'exprime librement sur la plage publique et impudiquement dans ces minuscules morceaux de tissus tailles, semble-t-il, dans le but de laisser la voie libre aux formes bannies....
Dans un autre registre, les nombreux  terrains de volley ou de football ne font ni discrimation d'age ni discrimation de niveau. Tout le monde peut s'adonner librement au sport qui lui convient. Pour n'en citer que quelques-uns, il y a une declinaison du volley qui ne se joue qu'avec les pieds, la tete ou la poitrine - epatant -, le foot de plage, le velo, la marche rapide, la course a pied et  le surf. C'est a Copacabana que les vagues sont les plus impressionnantes et, par consequent, que les surfeurs et les bodyborders offrent a tous les plagistes qui paradent le long de la mer un spectacle digne des meilleurs spots australiens.
Bref, vous l'aurez compris, les cariocas sont tres tolerants et ont pour unique preoccupation de profiter de la vie. Il n'est pas un pays et surtout une ville ou nous avons ressenti une telle joie de vivre comme a Rio. Dans cette enorme megalopole, il est encore plus surprenant de voir comment le contact social se fait naturellement avec une spontaneite et une authenticite capables de faire fondre la froideur des europeens les plus austeres.  Dans le bus pour debattre de l'arret le plus optimal pour se rendre a un endroit, dans le supermarche pour promulguer des conseils sur le choix des legumes, a la plage pour partager un moment de detente, dans la rue pour conseiller un restaurant, devant les bars pour lier connaissance autour d'un verre et - plus deroutant - devant une echoppe vendant des tongs pour indiquer une boutique meilleur marche (et ce devant le vendeur non vexe!!), les bresiliens ne ratent pas une occasion pour initier le dialogue. Ils sont tellement friands de contact social que beaucoup, refusant d'accepter la barriere linguistique qui nous separe, se lanceront dans de longues tirades auxquelles nous ne pourrons malheureusement repondre que par deux sourires mi-amuses mi desoles. Par ailleurs, pour ce peuple fraternel, le contact physique est de mise: on se touche pour ponctuer une discussion, pour s'excuser, pour plaisanter ou tout simplement pour etre bien ensemble. 
 
Tolerance de l'autre quel que soit son physique ou sa couleur de peau, sociabilite, bien etre, chaleur humaine, Rio semble, dit comme ca, etre un endroit idyllique. Cependant les inegalites sociales existent et sont criantes. A cote d'une population qui consomme tout ce qu'on lui propose, des gamins sillonnent la plage un enorme sac sur l'epaule pour collecter toutes les cannettes vides. Celles-ci se revendent environ un euro le kilo dans cette ville aux prix quasiment francais. Contrairement a la pauvrete argentine qui cache les apparences pour ne pas susciter la pitie dans ce pays a la fierte exacerbee, celle bresilienne est plus impudique, plus extravertie: des sans-abris dorment devant les banques en plein jour, des filles enceintes exhibent leur ventre rond, de jeunes garcons attendent devant les magasins de vetements bon marche pour demander qu'on leur achete un short ou un sweat.... La pauvrete se revele tel qu'elle est, aux yeux de tous, dans le centre-ville, a la plage ou dans les favelas.
 
Les favelas justement. Nous avons longuement hesite avant de nous decider a visiter une favela. Ces zones sensibles sont impossible a parcourir non accompagne d'un de ses habitants ou d'un guide, formule tres decriee. D'une part, le clan des scandalises arguent que ces quartiers n'ont rien de touristiques et qu'il est indecent d'y aller comme on va au zoo, tandis que les partisans expliquent, pour leur part, qu'une majeure partie de l'argent reverse par les visiteurs est utilisee pour la construction de centres sociaux. Finalement, nous nous decidons a nous faire notre propre idee sur la question. Le parcours est mene par une jeune bresilienne tres dynamique, issue des quartiers bourgeois, qui, sans miserabilisme mais de maniere tres pedagogique, nous fait decouvrir une de ces zones de non-droit. L'histoire des favelas, les regles internes, les mesures politiques prises, l'evolution de ces habitations, elle nous expliquera tout. On apprend ainsi que ces constructions anarchiques sont d'abord non officielles. Aucun de ses habitants n'a de titre de propriete. En fait, le systeme est tres simple: n'importe qui peut, lorsqu'il a repere un endroit qui lui convient, construire une habitation. Ainsi, la favela Rocinha que l'on visite comptait initialement une seule maison. Aujourd'hui, il n'est pas possible de savoir combien de maisons et d'habitants y vivent avec exactitude, mais on estime a 350 000 la population de Rocinha. Faute d'espace, les nouveaux arrivants achetent le toit de ceux deja installes et construisent leur habitat au-dessus de celui de leur vendeur. Les maisons comptent par consequent un, deux, trois, et jusqu'a 5 etages.
Neanmoins, ces dernieres annees, les superpositions trop importantes de constructions ont entraine l'effondrement de certaines d'entre elles. Heureusement, ces accidents n'ont, jusque la, cause aucun mort. Par ailleurs, comme ces habitations sont absentes de toutes les cartographies officielles, le raccordement a l'electricite et a l'eau se fait illegalement grace a un systeme artisanal apparemment tres efficace.
En realite, ces quartiers - on en recense environ 800 dans l'agglomeration de Rio - sont tres auto-suffisants. Ainsi, de meme que pour la construction des maisons, n'importe qui peut ouvrir un magasin, une boulangerie, un bar ou tout autre type de commerce pour peu qu'il dispose d'un local donnant sur une voie de passage, les ecoliers, eux, se retrouvent dans des appartements amenages pour suivre les cours donnes par les benevoles, les artistes louent des locaux pour creer et exposer leurs oeuvres, et les ecoles de samba s'installent dans des entrepots desaffectes... Tout ce qui se trouve a l'interieur de la favela est communautaire. On n'y retrouve aucune representation etatique. Meme les services de la poste s'arretent a l'entree de Rocinha, dans le centre municipal ferme converti en centre social qui fait office de boite aux lettres pour les 350 000 habitants.
 
D'ailleurs, ceux-la meme ne sont inscrits sur aucun registre de l'etat. Ni declares, ni recenses cette population fantome est officiellement visible uniquement par les services qu'elle offre aux autres tranches de la societe bresilienne. En effet, si les favelas poussent tres souvent sur le flanc des collines a proximite des centres-ville et des beaux quartiers, c'est tout simplement parce qu'elle en constitue la principale main d'oeuvre comme serveur, eboueur, concierge, vigile, plongeur, caissier.... Cette situation geographique satisfait surtout les employeurs  a qui incombent l'integralite des frais de transports de leurs employes.
 
L'un des problemes majeures des favelas en particulier et de toutes les formes de ghettos en general est l'absence de modele social pour la jeunesse qui y grandit. Aucun jeune ne veut avoir la meme vie que celle qui a conduit ses parents a s'exiler dans ces zones, mais aucun, non plus ne sait rellement a quel autre "mieux" aspirer et comment l'atteindre. Alors, comme ailleurs dans le monde, ces jeunes bresiliens des favelas veulent, pour les garcons, devenir footballeur professionnel et pour les filles, mannequin, actrice ou chanteuse. En attendant que leur reve de gloire se realise, ils sont fiers que ces gringos viennent visiter chez eux le vrai Rio.  Ils demandent qu'on les prenne en photo pour initier un debut de celebrite et ils posent sourire eclatant et yeux vifs avec, a chaque fois, une reconnaissance troublante pour ceux d'entre nous qui ont repondu a leur demande.
 
Pour ceux qui s'attendaient durant ce tour a palper d'un peu plus pres la violence, c'est tout le contraire, la promenade dans Rocinha nous aura procure une veritable bouffee de sympathie. Alors, d'ou vient cette reputation sulfureuse qu'ont les favelas? Essentiellement de la guerre que se livre les 3 principaux gangs pour controler le trafic de drogue. Contrairement aux domaines de l'habitat ou du commerce classique, il y a des regles strictes a suivre pour beneficier de la "securite" du gang: celui qui vend de la drogue a un enfant est condamne a une mort certaine et sa consommation a l'interieur du quartier est proscrite. Le jeune gamin, poste a l'entree du quartier que nous visitons, deux calibres au ceinturon nous prouvera que tout ceci n'est pas du cinema. Les statistiques sont d'ailleurs alarmantes et placent le Bresil et Rio en particulier parmi les plus importants taux de criminallite. Neanmoins, le tourisme en patit peu car ce chiffre resulte en grande partie des luttes entre les differents gangs ou avec la police.
 
Aussi, il est surprenant de constater que dans une ville reputee aussi dangeureuse que Rio, l'entree de l'enorme stade provisoire monte sur la plage de Copacabana specialement pour la coupe du monde de Beach Soccer est gratuite et non controlee. Problemes de securite? Pas du tout. A l'interieur, l'ambiance est tres bon enfant. Dans ce sport qui combine les deux domaines d'excellence du Bresil, l'equipe nationale sort du lot.  Malgre nos encouragements et ceux de Cantona pour l'equipe de France, elle perdra en quart de final face a l'Uruguay et a un public bresilien qui attendait impatiemment la defaite francaise...
Cela etant, pas du tout rancuniers vis-a-vis du public footbalistique bresilien peu enclin a faire part d'honnete intellectuelle et de discernement, nous sommes alles assister a une rencontre Botafogo-Fluminense, deux equipes rivales de Rio, dans une enceinte en ebullition. Le plus grand stade du monde, le Maracana, impressionne par sa taille mais surtout par l'atmosphere qui y regne quand 100 000 personnes dansent la samba au rythme des percussions qui encouragent les equipes. Chose etonnante  le stade au deux tiers plein, la partie inferieure fermee pour travaux mise a part, se remplit completement a la mi-temps, moment a partir duquel l'entree est gratuite.
 
 
 
Enfin, notre exploration de Rio nous conduit  a la peripherie. Nous traversons la baie dans un ferry bonde pour rejoindre Niteroi. C'est ici que se trouve le musee d'Art moderne dessine par Niemeyer. Ce celebre architecte bresilien a ete le principal concepteur de Brasilia, la jeune capitale du pays et est connu en France surtout pour avoir dessine le plan du siege du parti communiste, place du colonel Fabien a Paris. L'edifice que nous decouvrons nous fascine. Cette vaste soucope volante fait face a Rio. La pente du batiment est parallele a celle du Pain de Sucre et son pied semble flotter au-dessus de la mer.
 
 
Nous quittons Rio demain soir apres avoir passe ici beaucoup plus de temps que prevu, envoutes par cette ville, ce pays et peut etre un peu contamines par cette joie de vivre. Notre arrivee ici avait ete marque par les 29 ans de Basma celebres dans l'euphorie ambiante de la reelection de Lula. Notre depart est lui emprunt de l'excitation de retrouver notre ami Mathias, qui va nous accompagner pour nos 3 ultimes semaines de voyage au Mexique. Comme vous l'aurez compris, faute de temps, nous n'irons pas au Costa-Rica, Panama et Guatemala.
 
PS. De nouvelles photos dans le repertoire Bresil.
 

Publié dans Bresil

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M
c magnifique, vous semblez rayonnants de bonheur...Bonne continuation ...<br /> Et coucou + bisous à Mathias si c'est celui que je connais !<br /> J'adore lire votre blog, votre voyage m'émerveille ;-)
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E
Ca fait plaisir d'avoir de vos nouvelles si vite. Pour l'hotel, j'avais mm pas précisé, mais c'est pour Rio. Si vous aviez les coordonnées ou le site ça nous faciliterait la tache parce qu'on a aucun guide. voilou. bisous
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E
Salut les amoureux ! <br /> Como estan ?  Ça faisait un ptit moment que j'avais pas regardé le blog, 1 mois et demi qd mm !  <br /> Je voulais juste vous dire que vos photos du glacier Perito Moreno nous ont fait changer nos plans, impossible de rater ça. Nous aussi on a découvert LADE, justement pour rejoindre Buenos Aires que l'on a quitté hier. Dans qq jours les chutes d'Iguazu puis le Brésil aussi. A ce propos est-ce que vous auriez un hotel à nous conseiller ?<br /> merci d'avance et à tr`s bientÔt ...<br /> un beso elsa ;)<br />  
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Z
oh ke magnifico son las fotos. Y el articulista escribe muy bien. Pienso en vosotros y espero el neuve de deciembre quiero veros. mucho kiss mucho bezou para la folla y el mongolo todo esta bien para mi y quizas vendra con vosotros en londre para ver a la hoh la folla segunda.<br /> kiss kiss
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