Phnom Penh

Publié le par Ju

Nous etions tous les deux tres impatients d'arriver au Cambodge. Marques par la lecture tres recente du Portail de Francois Bizot, ethnologue installe au Cambodge et qui fut prisonnier dans un camp khmer rouge, nous arrivions ici presque en pelerinage sur les traces de ce livre.
L'arrivee en bateau a la frontiere nous a tout de suite donne le ton. En effet, apres les formalites tres vite reglees, c'est un vrai petit cours que nous ont donne les douaniers, nous apprenant les formules de politesse en langue khmere. Ensuite, deux heures dans un mini-bus plus que confortable nous separaient de Phnom Penh. Deux heures a contempler le paysage magnifique de la campagne combodgienne: les maisons sur pilotis et leurs hamacs bercant les habitants en pleine sieste, les vendeurs trainant leur carrioles pleines de mangues abondantes en ce debut de saison des pluies, les pagodes recemment renovees, veritables bijoux dans cet ecrin verdoyant..  Et finalement, l'arrivee a Phnom Penh. La, nous sommes surpris par le modernisme de la ville: de grandes avenues ombragees, des centres commerciaux, des voitures plus nombreuses que les deux-roues, et un melange harmonieux entre des bars tres chics bordant le fleuve Tonle Sap et les petites gargottes vendant durians, pamplemousses et jus de sucre de canne..

Notre integration dans la ville a ete assuree par Sandrine et Sandrine avec qui nous voyageons depuis le Vietnam et qui nous guident dans Phnom Penh ou elles avaient sejourne l'an passe: les meilleures gargottes pour les lok-lak (boeuf saute citronne sur un lit de salade et tomates vertes accompagne de son traditionnel riz blanc), les meilleurs coins des marches pour acheter les kramas et les rues a ne pas manquer.
Phnom Penh est un lieu ou la richesse culturelle de l'art khmer est etincelante, notamment au sublime Palais Royal, au Musee national et dans les nombreux temples. Outre les temples, il subsiste de nombreuses maisons coloniales, parfois a l'abandon  et souvent decrepites. Fascinant melange ou l'on dine, travaille, et parfois dort dans les rues qui ne sont pas toutes goudronnees. On s est donc beaucoup plus ici, d'autant plus que la principale attraction reste le sourire de ses habitants. N'appelait-on pas ce pays, le Pays du Sourire..


La visite du S21, ancien camps de torture des Khmers rouges, est un moment tres poignant pour tout visiteur a Phnom penh. Cet ancien lycee, a ete laisse tel qu il etait lors de la fin du regime. Pas de reconstitution, mais des chiffres et des photos que les bourreaux prenaient meticuleusement de toutes leurs victimes, des cellules laissees a l'identique. Lieu tres digne, ou ne ressort aucune haine, uniquement la volonte de ne pas oublier.  Nous en sommes sortis bouleverses....

En suivant les indications de nos deux guides de charme parties pour la Thailande, nous consacrons une journee a la visite en velo de l'ile de la soie, petite ile a l'exterieure de la ville sur les bords du Mekong ou les quelques villages la peuplant se sont specialises dans le tissage des kramas, ces foulards que les cambodgiens arborent avec elegance. 5 heures 30 du matin, nous enfourchons nos velos en direction du bac. Nous pensions etre tres matinaux, mais  la ville est
deja eveillee depuis longtemps. Les rues grouillent de monde, les cambodgiens dejeunent deja dans les echoppes le long de la route et les vendeurs de viennoiserie nous font hesiter a faire une pause.



Mais nous voulons arriver sur l'ile avant la canicule qui se fait sentir des 10 heures du matin. Apres donc une heure de route nous empruntons un vieux rafiot qui fait office de bac. La, nous rencontrons Boti, un vieil homme venu a Phnom Penh pour s'approvisionner en riz et qui balbutie quelques phrases en francais appris durant le protectorat.



Sur l'ile, nous traversons des villages traditionnels, sans croiser un seul touriste, dans des paysages sublimes. Intrigues par la musique emanant d'une tente, nous nous approchons timidement quand deux khmers nous invitent tres chaleuresement a nous joindre a cette ceremonie: c'est un mariage! Nous partageons sans trop comprendre les fous rire de l'assemblee assistant au one-man show d'un animateur local visiblement tres efficace. Les rires redoublent lorsqu'il taquine les deux barongs (etrangers), assis au fond et un peu genes. Je crois que la taille de mon nez a, la encore, eu un effet comique consequent, mais c'est desormais une habitude en Asie du sud-est! La ceremonie se deroule ensuite dans la tradition khmere, avec, avant le traditionnel echange d'alliances, la depossession d'une meche de cheveux de chacun des nouveaux maries.


Juste avant qu'ils ne rajoutent deux couverts pour le repas, nous nous excusons aupres de nos hotes si chaleureux et accueillants. Mais ce que nous n'avions pas compris, c'est qu'ensuite ils avaient prevu de nous marier nous aussi... Nous essayons de leur faire comprendre que ce n'est pas possible, ils insistent et leurs sourires nous font presque hesiter... Au final, nous reprenons nos velos, sans avoir echange de meches de cheveux mais avec pour longtemps le souvenir de ce moment...

Nous continuons a explorer l'ile, tantot suivis par des enfants, tantot croisant des buffles regagnant la riviere pour se rafraichir: notre bonheur frise l'indecence.
Nous n'avions prevu de passer que deux jours a Phnom Penh, au final, on y a passe presque une semaine, a, en plus de visiter les incontournables lieux touristiques, harpenter ses rues, explorer ses nombreux marches, assister a des projections de films sur l'histoire du Cambodge et sur le fleau des mines anti-personnel, faire des siestes sur les bords de la riviere.

On a donc abandonne l'idee de visiter le sud du Cambodge pour se rendre directement a Siem Reap, la ville juxtant, les celebres temples d'Angkor.

Ps: les photos dans le repertoire Cambodge

Publié dans Cambodge

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N
Je ne sais pas si je suis plus jaloux du séjour à Phnom Penh ou des lunettes de Juju !!! Le retour Poncherello...
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