L'Ile de Paques (Rapa Nui)

Publié le par Ju

Epuises mais on ne peut plus excites, on atterit sur l'Ile de Paques. On descend a pied directement sur le tarmac pour rejoindre le tout petit hall d'aeroport. Ici, seule la piste est immense; financee par les americains, c'est l'une des plus grandes du monde. Elle est, en effet, prevue pour qu'une navette spatiale puisse y atterir en cas de besoin.


Les passagers ayant reserve par avance leur logement sont accueillis avec des colliers de fleurs. L'ile compte uniquement deux hotels, l'hebergement se faisant essentiellement chez les habitants. Ceux-ci proposent directement leurs chambres a la sortie des quatre vols hebdomadaires en provenance de Santiago. Nous suivons donc Elvira et embarquons a l'arriere d'un pick-up en compagnie des musiciens venus accueillir les touristes par des chants traditionnels. Apres avoir roule a peine 500 metres, nous voici a Hanga Roa, le seul village de l'ile qui compte l'essentiel des 3800 habitants de Rapa Nui.

L'ile de Paques est un des lieux qui ont le plus excite l'imagination de l'homme. Par sa situation d'abord, car  c'est l'endroit le plus isole du monde: les cotes chiliennes sont a plus de 3700 kilometres et l'ile de Pitcairn - peuplee par les descendants des revoltes du Bounty - est a environ 2000 kilometres. Par ses habitants ensuite: l'hypothese la plus probable est que les pascuans sont des polynesiens arrives des iles Marquises il y a environ 15 siecles. Cette these est etayee par les ressemblances physiques entre les deux communautes, le dialecte proche du tahitien et les traditions similaires. Une autre ecole, se fondant sur les methodes de construction des habitats identiques a celles des incas, pense qu'ils sont originaires d'Amerique du Sud. Mais cette derniere version a pris du plomb dans l'aile apres des analyses genetiques. Enfin, l'ile de Paques facine surtout par ses moais. Ces celebres statues au style pur et naif tournent toutes le dos a la mer, sauf sept d'entre elles dirigees vers une ile des Marquises et qui sembleraient representer les 7 premiers arrivants sur l'ile. 

Si il est plutot avere que les moais representent les divinites et chefs de tribu, c'est leur fabrication et surtout leur deplacement depuis la carriere jusqu'au bord de mer qui reste enigmatique. Les plus anciens auraient pu etre deplaces sur des rondins de bois, mais lors de l'edification des plus recents la deforestation complete de l'ile etait deja tres ancienne....

L'ensemble des mysteres de l'ile ne sera surement jamais completement leve, la tradition orale ayant disparue. Les famines ont eu, les premieres, raison de cette ile surpeuplee par rapport a ses ressources, aidees ensuite par la rafle du gouvernement peruvien venu chercher au 19 eme siecle les 1000 hommes valides de l'ile pour travailler de force dans des mines de guano sur le continent. Devant l'indignation internationale, les 80 survivants aux conditions effroyables de travail sont rembarques sur leur terre d'origine. Apres la traversee, seuls 15 sont vivants et apportent avec eux la tuberculose et la variole. La population de l'ile contaminee passe alors a 150 habitants, et tout le savoir et la tradition sont perdus a jamais. L'ile est ensuite louee a des concessions anglaises pour l'elevage des moutons; les derniers pascuans n'ont alors pas le droit de sortir du village si ce n'est a jamais pour regagner Tahiti ou on leur propose des terres. Quelques jeunes hommes, ne pouvant se resoudre a abandonner leur terre et a assister impuissants a l'extinction de la population, decident de se devouer pour la bonne cause. Ils rameneront chacun plusieurs femmes du Chili et auront en moyenne chacun une quarantaine d'enfants. Les 4000 habitants d'aujourd'hui sont donc a 70% des metis, le reste etant essentiellement des chiliens.

L'ile etant petite - 30 km de long sur 15 km de large -  notre exploration s'est faite, durant 4 jours, surtout a pied et en auto-stop.  Le peu de circulation est essentiellement compose de touristes en voitures de location. Ce sont donc surtout les locaux qui nous embarquent a l'arriere de leur pick-up ou la police qui nous ramene devant chez nous apres avoir fait quelques detours pour nous faire decouvrir l'ile. Par ailleurs, on a vite abandonne l'idee d'empecher le chien de la proprietaire de nous suivre partout et en permanence durant notre sejour. C'est donc a trois que l'on a parcouru les cotes dentelees a la roche volcanique noire et au sol aride.

En dehors de quelques sites restaures, les autres sont mal ou peu indiques et font corps avec la vegetation. Les moais tronent au milieu de chevaux en liberte sur des falaises surplombant le pacifique.


L'impression est intense et on ne se lasse pas de les chercher, de les trouver et de les observer. Un des endroits les plus fascinants est le cratere faisant office de carriere ou les moais etaient tailles. Ici, 300 statues gisent dans differents etats et a differents stades de leur fabrication. Certaines sont juste ebauchees dans la pierre de la falaise, d'autres tronent comme pour garder ce lieu sacre. Pas de sentiers, on parcourt la vaste etendue a sa guise, nous nous surprenons a nous prendre pour des archeologues a travers les hautes herbes pour decouvrir d'autres moais plus dissimules.

En plus de cet environnement mystique, l'ile de Paques offre des merveilles incroyables. Les lavatubes sont, par exemple, des anciennes coulees de lave dont l'exterieur s'est solidifie et l'interieur fluide est parti formant ainsi d'immenses tubes de plus de 4 metres de diametre et pouvant faire jusqu'a  900 metres de long.

Mais c'est surtout le cratere de Rano Kao, vestige du volcan qui a forme l'ile qui nous a subjugue. On renonce a en faire completement le tour, la crete est trop abrupte au-dessus de la mer, mais quel vertige!

Nos soirees sont bercees par la musique polynesienne du groupe de notre hotesse et ponctuees d'anecdotes et de decouvertes partagees avec les autres visiteurs heberges par Elvira sur cette ile reellement envoutante. Nous terminons notre sejour par une messe en "auditeur libre". Le pretre a un collier de fleurs, les chants en pascuan sont accompagnes d'une guitare et le benitier est un gros coquillage. Notre derniere image reste cette sortie d'eglise ou la population endimanchee regagne son domicile en camionette ou a cheval qui est encore un moyen de transport tres frequent ici.

Nous embarquons pour Santiago enchantes par notre sejour ici. Transition idyllique entre la culture polynesienne dont Auckland est empreinte et l'Amerique latine.

Publié dans Chili

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C
salut les loulous petit bonjour de nice. <br /> gros bisous coco
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F
c'est manifique  . et les photos , sont supérbes
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